La chapelle des Mages à Florence

La chapelle des Mages est située dans le palais Médici à Florence. C’est un véritable bijou d’art dont la beauté ne peut être rendue par des photos ou des vidéos. Il vaut donc la peine de visiter ce lieu lors de votre séjour dans le berceau de la Renaissance.

Lorsque la famille des banquiers Médicis accède au pouvoir en cachette, l’une de ses premières décisions est de construire un palais familial à proximité du centre-ville et de la cathédrale. L’édifice devait être modeste et élégant, afin de ne pas susciter l’envie des habitants. Du moins à l’extérieur, car à l’intérieur, il renfermait des chefs-d’œuvre et des trésors destinés à étonner les visiteurs exquis et riches.

chapelle des mages à florence
Chapelle Mes mages – vue de l’entrée

Dès 1422, Cosme l’ancien avait l’autorisation du pape de célébrer des messes privées dans sa précédente maison. Il a donc ordonné la construction d’une chapelle privée dans son nouveau palais. Michelozzo, qui a également travaillé pour les Médicis à la restauration du monastère de San Marco, a été chargé de l’architecture du palais. La décoration des murs de la chapelle avec des fresques représentant le cortège des Trois Rois a été réalisée par un artiste local, élève de Beato Angelico, Benozzo Gozzoli.

La chapelle est située au premier étage et se compose de deux carrés : une salle avec des fresques représentant la procession des Mages dans un paysage rural et une abside avec des fresques montrant les différentes hiérarchies d’anges. Malheureusement, l’aspect original de la chapelle a été altéré au 17e siècle, car de nouveaux propriétaires du palais, la famille Riccardi, ont démoli le vestibule et déformé un mur pour y installer un escalier.

Le cortège présente des personnages liées à trois événements :
– Le Concile de Florence en 1439, la rencontre des dignitaires de l’Église latine et grecque.
– La visite du pape Piccolomini en 1459.
– Le cortège des Trois Rois, une procession traditionnelle en costumes qui se déroulait à Florence.

benozzo gozzoli le cortède des mages

FACE EST – à droite de l’entrée
Au premier plan, à notre gauche, nous voyons Cosme l’ancien, représenté modestement sur une mule, accompagné de son fils Pierre. Devant les Médicis, se trouve un esclave noir.

À l’avant de la procession galope le plus jeune des rois, Gaspard, dans une tunique blanche-jaune richement décorée. Certains pensent qu’il s’agit d’un portrait idéalisé du petit-fils de Cosme, Laurent le Magnifique.

Immédiatement à côté de Cosme, sur un cheval brun et blanc, apparaissent les dignitaires Sigismond Malatesta, souverain de Rimini, et Galéas Maria Sforza, le futur duc de Milan.

Derrière eux se trouvent les philosophes et les humanistes de l’époque, dont les Médicis s’entouraient. Au troisième rang, des dignitaires byzantins et un autoportrait du peintre portant un bonnet rouge avec l’inscription Opus Benotti. Il regarde vers nous. Juste derrière lui, coiffé d’un béret rouge, apparaît Enea Piccolomini, humaniste et pape
Pie II.

chapelle des mages florence

FACE SUD – face à l’autel
Le deuxième Mage au teint foncé, Balthazar porte une tunique verte et une couronne. Il s’agit d’un portrait confirmé de l’empereur byzantin, Jean VIII Paléologue. Le mur sud a malheureusement été endommagé par la porte centrale et la déformation d’un angle.

En arrière-plan, on peut voir des routes sinueuses, des rivières, des vallées, des châteaux et des domaines agricoles… La famille Médicis avait plusieurs propriétés de ce type près de Florence.

chapelle des mages palais médicis

FACE OUEST – à gauche de l’entrée
Le mur ouest montre le plus ancien roi Melchior, malheureusement en partie coupé par les transformations du 17e siècle. Il est probablement incarné par Joseph II, patriarche de Constantinople, qui était mort à Florence pendant le Concile. En face de lui, certains historiens ont reconnu un portrait de Julien, frère de Laurent le Magnifique. On le voit sur son beau cheval avec un léopard.

Le cortège comprend à nouveau de nombreux dignitaires et célébrités de l’époque, ainsi qu’un second autoportrait du peintre Benozzo Gozzoli.
Les détails naturalistes sont frappants : fleurs, plantes, animaux comme la brutalité de certaines scènes de chasse.

filippo lippi-adoration

ABSIDE
Le retable de l’autel est une copie de l’Adoration de l’enfant de Filippo Lippi. Le tableau dégage une atmosphère étrange, et dans les bois sombres, on peut voir la figure de saint Bernard de Clairvaux, associé à l’ordre des Templiers. Puis, il y a l’escalier, la route, Jean l’Évangéliste… Hmm

les anges de la chapelle des mages

Les murs près de l’autel montrent une multitude d’anges adorateurs dans le magnifique jardin rempli de plantes aromatiques et d’oiseaux exotiques. Oh, quelles ailes !

Des bergers sont peints au-dessus de la porte des petites sacristies.

médicis et leurs symboles

La devise, les armoiries et le symbole de la famille Médicis sur le mur sous les fresques. Des boules rouges sur un bouclier, une bague en diamant et le mot latin semper, qui font référence à l’unité, à la foi et à l’éternité.

le pavement de la chapelle des mages

L’étonnant pavement est décoré de motifs géométriques, avec des incrustations de marbre et de porphyre colorés. Ses couleurs comme celles des vestes des trois Mages : blanc, vert et rouge font référence à trois vertus théologales : foi, espoir et amour.

animaux de la chapelle des mages

Des détails naturalistes sont superbement rendus. Un canard, un pic, un chardonneret, un moineau, un faisan- un vrai règal pour les amoureux de la flore et de la faune.

agneau mystique

Au-dessus de l’entrée originale de la chapelle (que vous verrez à la sortie), sont représentés l’Agneau mystique et les sept candélabres et sceaux de l’Apocalypse de Saint Jean. Il y avait autrefois une inscription en latin à l’entrée du vestibule, dans ma traduction libre :
Les dons des rois, les prières des esprits surnaturels, l’esprit de la Vierge, voilà les choses sacrées de l’autel : éloigne ton pied, ô foule profane !

Vous pouvez visiter la chapelle avec moi lors d’une visite thématique Médicis ou sur demande.

INFORMATIONS PRATIQUES
Palazzo Medici, Via Cavour
Heures d’ouverture : de 9 h à 19 h.
Site web

La sépulture de Michel-Ange à Florence

La sépulture de Michel-Ange à Florence

la sépulture de michel-ange

Michel-Ange Buonarroti est mort à Rome le 18 février 1564, en arrivant presque à 89 ans. L’artiste a passé ses 30 dernières années dans la Ville Éternelle et il n’est jamais retourné à Florence, malgré les demandes et invitations répétées de Cosme Ier. Le sculpteur se sentait républicain et ne voyait pas de bon œil la domination de la famille des Médicis en Toscane.

Quelques jours après sa mort, son neveu Léonard, sur les instructions de Cosme Ier, se précipita à Rome pour récupérer le cadavre. Cependant, les Romains ne voulant pas remettre le corps du génie, Léonard, imperturbable, décida de voler la dépouille et de la transporter furtivement à Florence. Il aurait enveloppé le corps de Michel-Ange dans des « chiffons » et l’aurait transporté sur un chariot en profitant de l’obscurité.

Les funérailles somptueuses de Michel-Ange n’ont toutefois eu lieu que cinq mois plus tard, le 14 juillet. Le divin artiste trouva la paix et fut enterré dans le tombeau de la famille Buonarroti dans l’église de Santa Croce à Florence.

la sculpture, valerio cioli

À ce moment-là, cependant, on a entamé des discussions sur le projet de la sépulture monumentale. J’ajoute que les intentions du défunt lui-même n’ont pas été prises en compte. Pendant ses dernières années, Buonarroti désirait une modeste tombe à Rome avec une sculpture de la Pietà, à laquelle il travaillait encore pendant ses derniers jours. (Aujourd’hui, on peut l’admirer dans le château de Sforza à Milan.)

Initialement, c’est Daniele da Volterra, l’un des artistes les plus proches de Buonarroti, qui devait concevoir le projet du monument funéraire. Il voulait utiliser les Esclaves et le Génie de la Victoire, sculptures inachevées et trouvées dans l’atelier florentin de Michel-Ange. Cependant, ces œuvres étaient désirées par Cosme, qui n’a donc pas accepté cette solution. En effet, le grand duc de Toscane a utilisé les statues pour embellir la grotte des jardins de Boboli et le salon des Cinq-Cents au Palazzo Vecchio.

Le projet a donc été repris par l’infatigable peintre et architecte Giorgio Vasari. C’est lui qui a dessiné le monument que nous voyons aujourd’hui à droite de l’entrée principale de l’église de Santa Croce.

Le sarcophage de la sépulture reproduit la forme inventée par Buonarroti dans la Nouvelle Sacristie. Devant, on voit trois femmes assises, allégories de la Peinture, de la Sculpture et de l’Architecture.

Au centre, il y a l’allégorie de la Sculpture, de Valerio Cioli. Désespérée, la tête baissée, elle s’appuie sur un bloc de marbre. À notre gauche, se trouve la Peinture. Elle tient des pinceaux et un modèle anatomique de la figure humaine. Elle a été réalisée par Battista Lorenzi ainsi que le buste du défunt au-dessus du sarcophage. Il a sculpté le visage de l’artiste en se basant sur le masque mortuaire.

la sépulture de michel-ange

À notre droite, une allégorie de l’Architecture avec un compas et un rouleau de parchemin, réalisée par Giovanni dell’Opera. Au-dessus de la tombe, se trouvent des fresques représentant la Pietà et les anges, réalisées par Giovan Battista Naldini. La seule référence au thème de la Pietà que Michel-Ange voulait sur sa tombe. (Dans les arts visuels, Pietà est une représentation de la Vierge Marie tenant un Christ mort sur ses genoux.)

À côté du buste de l’artiste, on peut voir les armoiries de la famille Buonarroti ainsi que le symbole de l’Académie de dessin, fondée à Florence en 1563 à la demande de Cosme Ier. Il s’agit de couronnes entrelacées de trois arbres, un olivier, un chêne et un laurier. L’artiste est devenu un membre honoraire de l’Académie, forcé et à distance.

Comme vous voyez, le tombeau ne reflète absolument pas les goûts et les intentions de Michel-Ange et il a été conçu plutôt comme une publicité pour les Médicis et leur pouvoir.

Il y a beaucoup d’autres monuments de personnages célèbres dans l’église de Santa Croce, par exemple ceux de Galilée ou de Machiavel. C’est l’un des lieux les plus visités de Florence.


Visites guidées à Florence.