La sépulture de Michel-Ange à Florence

La sépulture de Michel-Ange à Florence

la sépulture de michel-ange

Michel-Ange Buonarroti est mort à Rome le 18 février 1564, en arrivant presque à 89 ans. L’artiste a passé ses 30 dernières années dans la Ville Éternelle et il n’est jamais retourné à Florence, malgré les demandes et invitations répétées de Cosme Ier. Le sculpteur se sentait républicain et ne voyait pas de bon œil la domination de la famille des Médicis en Toscane.

Quelques jours après sa mort, son neveu Léonard, sur les instructions de Cosme Ier, se précipita à Rome pour récupérer le cadavre. Cependant, les Romains ne voulant pas remettre le corps du génie, Léonard, imperturbable, décida de voler la dépouille et de la transporter furtivement à Florence. Il aurait enveloppé le corps de Michel-Ange dans des « chiffons » et l’aurait transporté sur un chariot en profitant de l’obscurité.

Les funérailles somptueuses de Michel-Ange n’ont toutefois eu lieu que cinq mois plus tard, le 14 juillet. Le divin artiste trouva la paix et fut enterré dans le tombeau de la famille Buonarroti dans l’église de Santa Croce à Florence.

la sculpture, valerio cioli

À ce moment-là, cependant, on a entamé des discussions sur le projet de la sépulture monumentale. J’ajoute que les intentions du défunt lui-même n’ont pas été prises en compte. Pendant ses dernières années, Buonarroti désirait une modeste tombe à Rome avec une sculpture de la Pietà, à laquelle il travaillait encore pendant ses derniers jours. (Aujourd’hui, on peut l’admirer dans le château de Sforza à Milan.)

Initialement, c’est Daniele da Volterra, l’un des artistes les plus proches de Buonarroti, qui devait concevoir le projet du monument funéraire. Il voulait utiliser les Esclaves et le Génie de la Victoire, sculptures inachevées et trouvées dans l’atelier florentin de Michel-Ange. Cependant, ces œuvres étaient désirées par Cosme, qui n’a donc pas accepté cette solution. En effet, le grand duc de Toscane a utilisé les statues pour embellir la grotte des jardins de Boboli et le salon des Cinq-Cents au Palazzo Vecchio.

Le projet a donc été repris par l’infatigable peintre et architecte Giorgio Vasari. C’est lui qui a dessiné le monument que nous voyons aujourd’hui à droite de l’entrée principale de l’église de Santa Croce.

Le sarcophage de la sépulture reproduit la forme inventée par Buonarroti dans la Nouvelle Sacristie. Devant, on voit trois femmes assises, allégories de la Peinture, de la Sculpture et de l’Architecture.

Au centre, il y a l’allégorie de la Sculpture, de Valerio Cioli. Désespérée, la tête baissée, elle s’appuie sur un bloc de marbre. À notre gauche, se trouve la Peinture. Elle tient des pinceaux et un modèle anatomique de la figure humaine. Elle a été réalisée par Battista Lorenzi ainsi que le buste du défunt au-dessus du sarcophage. Il a sculpté le visage de l’artiste en se basant sur le masque mortuaire.

la sépulture de michel-ange

À notre droite, une allégorie de l’Architecture avec un compas et un rouleau de parchemin, réalisée par Giovanni dell’Opera. Au-dessus de la tombe, se trouvent des fresques représentant la Pietà et les anges, réalisées par Giovan Battista Naldini. La seule référence au thème de la Pietà que Michel-Ange voulait sur sa tombe. (Dans les arts visuels, Pietà est une représentation de la Vierge Marie tenant un Christ mort sur ses genoux.)

À côté du buste de l’artiste, on peut voir les armoiries de la famille Buonarroti ainsi que le symbole de l’Académie de dessin, fondée à Florence en 1563 à la demande de Cosme Ier. Il s’agit de couronnes entrelacées de trois arbres, un olivier, un chêne et un laurier. L’artiste est devenu un membre honoraire de l’Académie, forcé et à distance.

Comme vous voyez, le tombeau ne reflète absolument pas les goûts et les intentions de Michel-Ange et il a été conçu plutôt comme une publicité pour les Médicis et leur pouvoir.

Il y a beaucoup d’autres monuments de personnages célèbres dans l’église de Santa Croce, par exemple ceux de Galilée ou de Machiavel. C’est l’un des lieux les plus visités de Florence.


Visites guidées à Florence.

Le dôme de Brunelleschi à Florence

Le dôme de Brunelleschi à Florence

L’année 2020 (le 7 août pour être précise) a marqué le 600e anniversaire du début de la construction de l’une des merveilles architecturales du monde et un symbole de Florence, le dôme de sa cathédrale Santa Maria del Fiore. À cette occasion, bien sûr, le billet d’entrée est augmenté de prix (ironiquement), et moi, je voudrais vous donner une brève introduction à son histoire et quelques faits intéressants. J’espère que vous l’apprécierez encore plus et que vous mentionnerez le nom de Brunelleschi dans un même souffle, juste après ceux de Michel-Ange et Léonard de Vinci. Et peut-être même avant !

la cathèdrale de Florence, le plan

LA CATHÉDRALE SANTA MARIA DEL FIORE
La construction de la nouvelle cathédrale de Florence, Santa Maria del Fiore, a commencé à la fin du 13e siècle et déjà à cette époque, il est probable que le premier architecte, Arnolfo di Cambio, ait envisagé de couvrir la partie centrale d’une coupole. Le deuxième ingénieur, Francesco Talenti, a agrandi de plus le nouveau temple et a également projeté une calotte encore plus large.

Tout cela faisait impression sur papier, mais alors que la construction de la cathédrale progressait assez rapidement après la grande peste de 1348, un énorme trou régnait au-dessus du croisement de la nef et du transept. En effet, personne ne savait trop comment s’y prendre pour construire une coupole énorme. Les Florentins en avaient bien honte, d’autant plus que les villes rivales de Sienne et de Pise avaient leurs belles cathédrales presque achevées.

le dome de brunelleschi florence

DÔME EN MAÇONNERIE SANS SUPPORT
En général, depuis l’Antiquité, pour construire les arcs et les voûtes, on utilisait des centrages en bois. On plaçait le dernier élément, la clé de voûte et seulement à ce point-là, on levait le soutien. Dans le cas florentin, le tambour, qui devait soutenir l’ensemble de la structure, mesure environ 43 mètres de large et s’élève à 54 mètres de haut. Faire un centrage aussi grand était impensable ! Il fallait envisager d’autres solutions ou penser à construire une calotte qui supporterait son propre poids et neutraliserait les forces de poussée.

LE CONCOURS POUR LE DÔME EN 1418
Lors du concours de 1418 pour le meilleur projet de la coupole, toutes sortes d’idées ont été proposées. L’une des plus bizzarres parlait de verser du sable dans la cathédrale pour soutenir l’ensemble du dôme pendant sa construction. Une fois terminé, les Florentins seraient encouragés à lever le sable manuellement, y étant cachés des coins d’or.

Heureusement, Brunelleschi a participé au concours ! Pourtant, ses idées originelles n’ont pas survécu jusqu’à aujourd’hui, et nous ne savons pas ce qui a convaincu le comité de lui confier la tâche. Il est intéressant de noter qu’il devait collaborer avec son rival Lorenzo Ghiberti. Ainsi, afin de se débarrasser de son collègue indésirable, il simula une longue maladie. Lorsqu’il devint évident que sans Brunelleschi, Ghiberti ne pourrait pas progresser, il fut décidé de confier la supervision totale de la construction à « notre » Filippo rusé.

fresques du dome de brunelleschi, vasari
Les fresques à l’intérieur du dome du 16è siècle.

FILIPPO BRUNELLESCHI (1377-1446)
Brunelleschi s’est formé comme orfèvre et sculpteur, mais il est devenu architecte par vocation. Il a voyagé à Rome à de nombreuses reprises avec son jeune ami Donatello pour étudier l’architecture classique. Le Panthéon et sa coupole (bien que construite de manière très différente et beaucoup plus basse) le fascinaient. À Florence, il a décidé de relever un défi que personne n’avait jamais tenté : construire une immense voûte sans aucun support, le plus grand dôme en maçonnerie du monde.

DEUX DÔMES EN MAÇONNERIE
Lorsque l’on observe la coupole de l’extérieur, on ne sait pas qu’en dessous se trouve une deuxième voûte intérieure. Les deux sont reliés par des nervures de marbre et des anneaux de fer autour, formant ainsi une sorte de squelette qui supporte le poids total de plus de quatre millions de briques. Ce type de « corset » a permis de créer une voûte qui ne s’est pas effondrée sous son propre poids pendant la construction.

Le système spécial de pose des briques en chevrons y a également contribué. Vous pouvez voir tout cela lorsque vous montez au sommet de la cathédrale. Vous pourrez vous promener entre les deux coupoles, en empruntant un escalier également conçu par le brillant architecte. Vous verrez des briques cuites sous sa supervision et posées de cette manière, ainsi que quelques machines conçues par lui.

construction du dome de florence

NOUVELLES MACHINES ET SOLUTIONS
Brunelleschi a conçu de nombreux dispositifs pour le transport des matériaux, tels que des roues spéciales, actionnées par la force animale, des grues, et même des bateaux, pour transporter les matériaux de construction par voie fluviale.
Pour les ouvriers, il a inventé des échafaudages intégrés à la voûte en construction et formés comme une toile d’araignée. Les maçons passaient des journées entières en haut afin de ne pas perdre de temps, et la sécurité du travail était telle qu’en 16 ans, un seul d’entre eux est mort dans un accident.

On raconte que c’est sur les échafaudages du dôme que la recette du plat traditionnel toscan, encore servi aujourd’hui dans les restaurants, le peposo, a été inventée. C’était du porc, rôti sur des briques chaudes et fortement assaisonné de poivre et de vin rouge. Aujourd’hui, une version en bœuf est proposée.

briques du dome de brunelleschi
Briques en chevrons à l’intérieur du dôme.

LE MYSTÈRE DES MESURES
Pourtant, la façon de mesurer avec précision l’inclinaison de chaque mur de calotte reste un mystère pour nous. Habituellement, à l’époque, on utilisait des cordes pour de tels calculs, mais il est difficile de comprendre comment des calculs mathématiques aussi complexes pouvaient être mesurés de cette façon. À Florence, l’architecte contemporain Massimo Ricci a construit un dôme en miniature dans l’un des parcs locaux. Il a utilisé exactement les mêmes méthodes et mesures que Brunelleschi, mais n’a malheureusement pas réussi à calculer l’inclinaison précise.
Je vous renvoie ci-dessous à un documentaire Youtube, sous-titrée en anglais, qui raconte cette histoire.

la boule de verrocchio

LA LANTERNE ET LA BOULE DORÉE AU SOMMET DU DÔME
La lanterne que vous voyez tout en haut de la coupole a également été conçue par Brunelleschi, bien qu’il ne l’ait plus vu réalisée, puisqu’il est mort en 1446, alors que la construction venait de commencer. Tout en haut, se trouve une boule et une croix en dorés coulées par l’atelier d’Andrea Verrocchio. La lanterne en marbre est un élément important, car elle compense les forces de la poussée de l’extérieur vers l’intérieur.

SYMBOLE DE FLORENCE
Le dôme, achevé en 1436, est devenu un symbole de la ville, de sa richesse et de son ingéniosité. Il a fallu attendre la basilique Saint-Pierre de Rome pour voir quelque chose de similaire, mais même ainsi, le dôme florentin surpasse sa beauté. Michel-Ange lui-même avait dit: Je vais à Rome pour faire une coupole sœur, mais pas plus belle.

Il n’y en a pas d’autres comme celle dans le monde, objectivement parlant. Aujourd’hui encore, à l’approche de Florence, on peut apercevoir de loin le dôme rouge. Auparavant, il dominait toute la région et pouvait être vu à plusieurs kilomètres.

Si vous souhaitez en savoir plus, je vous renvoie aux links en bas de page.
Et je vous invite à explorer Florence avec moi et à réserver en ligne des billets à l’avance pour monter au sommet de la cathédrale.

LINKS
Film en anglais sur la construction de la coupole.
Film sous-titré en anglais sur l’expérience de construction du dôme en miniature par Massimo Ricci.

Ponte Vecchio de Florence, un lieu emblématique

Ponte Vecchio, soit le Vieux Pont, est le lieu le plus emblématique de Florence.
C’est le plus vieux pont en pierre d’Europe et le seul pont de la ville à avoir échappé à la destruction des nazis.
Des millions de locaux et de touristes le traversent chaque année, observant les vitrines scintillantes des bijouteries et admirant la vue sur le fleuve Arno. Les maisons colorées, suspendues sur le pont en font l’un des endroits les plus photographiés au monde.

Cependant, peu de gens connaissent l’histoire du Ponte Vecchio, ses secrets et curiosités.

ponte vecchio florence
Ponte Vecchio, Florence

HISTOIRE
Les Romains ont construit le premier pont en bois à peu près au même endroit au début de notre ère. Le fleuve y était plus étroit ce qui permettait une traversée plus facile. Le Ponte Vecchio a été détruit à plusieurs reprises par les envahisseurs et surtout par de nombreuses crues, puis reconstruit à chaque fois.

LA GRANDE CRUE DE 1333
Le pont d’aujourd’hui va bientôt fêter 700 ans ! En novembre 1333, une violente crue a détruit le pont précédent. Quelques années après, l’artiste Taddeo Gaddi et l’architecte Neri di Fioravante ont proposé une architecture révolutionnaire. Au lieu des cinq arches pleines traditionnelles, ils ont conçu trois arches basses et larges qui permettaient à la rivière et aux débris qu’elle transportait en cas de crue de passer sans problème.

ponte vecchio florence

LE CADRAN SOLAIRE ET L’ÉTRANGE PLAQUE
L’inondation et la reconstruction du pont sont également commémorées par deux curieux éléments dans sa partie centrale. Une plaque avec une main et une croix commémore l’avertissement que la ville a donné au fleuve. L’Arno a été menacé d’excommunication et, comme vous pouvez le constater, cela a fonctionné, car il n’a pas osé détruire à nouveau le Pont des Orfèvres.

Au-dessus de la plaque, se trouve un cadran solaire très antique. Il a la forme curieuse d’une lune posée sur une colonne classique. On dit que son petit lézard porte bonheur aux voyageurs.

MAISONS COLORÉES
En 1442, les autorités florentines ont émis un ordre spécial pour que les bouchers et les tanneurs déplacent leurs étals du centre-ville vers l’actuel Ponte Vecchio. Cela était, bien sûr, dû à l’odeur désagréable et aux déchets jetés dans les rues. Cela gênait moins à côté du fleuve.
Ce sont les commerçants de l’époque à construire les maisons caractéristiques apparemment instables et suspendues avec du bois.

ponte vecchio florence corridor de vasari
Le corridor de Vasari vu des Offices.

LE CORRIDOR DE VASARI
En 1565, Giorgio Vasari a construit en cinq mois le passage couvert long 1 km du Palazzo Vecchio au Palazzo Pitti. Le corridor était utilisé par les membres de la dynastie régnante des Médicis par raisons de sécurité et commodité. Ferdinand Ier commença à être incommodé par l’odeur du sang et des déchets animaux. Il a décidé de faire déménager les bouchers ailleurs et d’ouvrir sur le pont les boutiques des bijoutiers et joailliers.

Cette tradition a été maintenue jusqu’à aujourd’hui. En visitant le pont, on peut admirer des bijoux, pierres précieuses et de l’or, beaucoup d’eux des produits artisanaux de luxe. Les magasins sont fermés pour la nuit par les traditionnels verrous en bois.

ponte vecchio florence seconde guerre mondiale
Lungarno détruit pendant la 2e guerre mondiale.

DEUXIÈME GUERRE MONDIALE
Lorsque les nazis reculaient de la ville en août 1944, ils ont fait sauter tous les ponts de Florence pendant une nuit. Tous sauf le Ponte Vecchio, qui, selon les historiens, a été épargné grâce à l’intercession de Gerhard Wolf. Il était le consul allemand de la ville et pour cela, ainsi que pour avoir sauvé la vie de nombreux Juifs, Wolf a reçu la citoyenneté d’honneur de Florence et une plaque commémorative a été érigée sur le pont.

Bien qu’il existe de nombreuses légendes sur la façon dont il a sauvé le pont de la destruction.

La photo du haut montre au contraire comment les bâtiments situés près du fleuve et le quartier de l’Oltrarno ont été détruits pendant les bombardements des alliés.

ponte vecchio florence, benvenuto cellini
Raffaello Romanelli, le buste de Benvenuto Cellini, 1901

LE MONUMENT A BENVENUTO CELLINI
Pour les quatre cents ans depuis la naissance de Benvenuto Cellini (1500-1571), Florence a commissionné à Raffaello Romanelli son buste. Qui mieux que l’illustre orfèvre et sculpteur, pourrait régner sur le Pont des orfèvres ? L’une des œuvres les plus connues de l’artiste est Persée dans la piazza della Signoria à Florence. Son chef-d’œuvre – une salière réalisée pour le roi de France, François Ier, se trouve aujourd’hui au musée d’histoire de l’art de Vienne.

Sur les barres qui séparent le buste, les amoureux laissent leurs cadenas. Mais ils risquent une amende pour cela.

Et pouvez-vous deviner pourquoi y a-t-il des tours des deux côtés du pont dans la terrasse panoramique ?

Découvrez cela et d’autres curiosités lors d’une visite guidée à Florence.