Je suis retournée récemment avec plaisir visiter le musée de San Marco à Florence. C’est un ancien couvent dominicain connu pour son architecture de renaissance et les fresques de Fra Angelico. Il a été transformé en un musée et il garde son atmosphère unique et des œuvres inestimables. Pourtant, le couvent San Marco n’est pas tellement connu par des touristes même si l’on peut y trouver toujours quelques personnes francophones.
Le cloître de Michelozzo
HISTOIRE
Le couvent San Marco a été donné aux frères dominicains au début du 15e siècle, mais dans un état de dégradation. Cosme l’Ancien a payé la reconstruction du lieu en engageant son architecte préféré Michelozzo. Il souhaitait renouveler toute la zone à côté du nouveau palais pour la famille des Médicis. C’était pour lui une question de prestige, mais aussi un moyen d’obtenir l’appui du peuple dans son ascension au pouvoir. Peu de temps après, frère Giovanni, passé à l’histoire comme Fra Angelico, a décoré le couvent avec ses fresques. San Marco garde aussi la mémoire d’une figure controversée, Girolamo Savonarola, exécuté comme hérétique le 23 mai en 1498 dans la piazza della Signoria à Florence.
Aujourd’hui, les espaces du couvent ont été transformés en un musée enrichi en peintures provenant des églises désaffectées.
Fresques avec la vie d’Antonino Pierozzi
LE CLOÎTRE PRINCIPAL
C’est le premier espace que l’on voit après la billetterie. Le cloître a été projeté par Michelozzo suivant des nouveautés introduites par Brunelleschi. Les éléments classiques comme les colonnes, les arcs en plein-cintre, les chapiteaux s’entremêlent aux matériaux caractéristiques pour Florence: la pierre blanche et la pietra serena grise.
Dans le cloître, vous pouvez trouver quelques fresques de Fra Angelico. Par exemple celle avec Saint Dominique, fondateur de l’ordre, au pied de la croix. Une grande quantité de bleu obtenu de pierre précieuse : lapis-lazuli a été utilisé pour cette décoration et une atmosphère de contemplation nous invite à respecter le caractère du lieu.
En haut, sous les arches, il y a des fresques du 17e siècle qui racontent la vie et les miracles du prieur du couvent : Antonino Pierozzi. Il était très aimé par les Florentins, il est ensuite devenu archevêque de la ville et il a été canonisé après sa mort. Dans quelques scènes, on peut voir l’architecture de Florence et des personnages connus comme Cosme l’Ancien où même Savonarola.
La salle avec des peintures de Fra Angelico
HOSPICE
Auparavant, la salle juste à côté de l’entrée servait à accueillir des pèlerins. Aujourd’hui, elle conserve des retables de Fra Angelico. Le peintre était un frère dominicain, voué à la pauvreté mais dans son art il aimait bien l’or, les couleurs riches et lumineuses et la représentation des détails précieux. Ici, on peut admirer : la minutieuse Déposition de l’église Santa Trinita ; la Pala Annalena, une première œuvre sur bois de forme rectangulaire; la Pala San Marco, venant de l’autel de l’église du même nom et le Tabernacle des Linaioli. Moi, j’aime particulièrement des œuvres en miniature où on admire le talent de Fra Angelico en enluminure.
Cela me plaît beaucoup d’observer tous les détails de petits retables de l’Armoire de l’Argenterie avec des scènes du Nouveau Testament.
Dans plusieurs scènes, on aperçoit les saints Cosme et Damien et leurs histoires sont illustrées dans des prédelles. Savez-vous pourquoi ? Ils étaient des protecteurs de la famille Médicis, les patrons par excellence de l’art à Florence à l’époque.
La salle du chapitre – le couvent San Marco
SALLE DU CHAPITRE
Cette salle était utilisée par les dominicains pour la lecture, la prière et des réunions. Ici, sur le mur entier, règne la grande fresque de la Crucifixion peinte par Beato Angelico. On a décidé de représenter non seulement les dominicains et les saints florentins, mais aussi les personnages d’autres ordres, par exemple Saint-Antoine Abbé, Saint Bénédicte, Saint-François, Saint Jérôme, etc.
LAVABO ET RÉFECTOIRE
Le grand réfectoire où les frères consommaient des repas est précédé par la salle du lavabo où ils se rafraîchissaient et des salles de cuisine.
Aujourd’hui, dans le lavabo et la cuisine, on peut trouver des œuvres de Fra Bartolomeo, un autre peintre dominicain, mais beaucoup moins connu de Fra Angelico. Il connaissait Savonarola et en était tellement impressionné qu’il avait détruit toutes ses peintures laïques. Sa toile la plus belle, c’est la Pala della Signoria en monochrome et inachevée. On admire vraiment le talent de Bartolomeo dans le dessin et les leçons apprises de Raphaël. La toile destinée au Palazzo Vecchio a changé beaucoup de fois de propriétaires pour finalement retrouver sa place dans le couvent.
Pala della Signoria, Fra Bartolomeo
Dans le réfectoire, la grande fresque montre le miracle du pain porté aux frères par les anges. Elle a été peinte au 16e siècle par Giovanni Antonio Sogliani. Ici, on trouve d’autres artistes inspirés par Fra Bartolomeo comme par exemple la première femme peintre que l’on connaît à Florence, Plautilla Nelli.
C’est vraiment incroyable de penser qu’elle avait appris la peinture seulement en copiant les dessins et les œuvres d’autres peintres. Elle n’avait pas eu d’accès à l’apprentissage en tant que femme et une religieuse. Dans la salle, se trouve son tableau La Déploration sur le Christ mort.
CELLULES DES FRÈRES
Mais les fameuses cellules décorées avec des fresques de Fra Angelico ? Il faut monter au premier étage en voyant comme la première chose la merveilleuse Annonciation. Les cellules sont positionnées autour du cloître et chacune a été enrichie d’une fresque de Fra Angelico et ses collaborateurs comme Benozzo Gozzoli.
Adoration des Mages, cellule de Cosme l’Ancien
À droite de l’escalier, il y a le couloir destiné au Prieur du couvent, personnages importants et hôtes. En fait, des fresques montrent des scènes plutôt compliquées comme l’Adoration des Mages dans la cellule double destinée à Cosme l’Ancien.
Dans le couloir en face de l’escalier, il y a des scènes plus modestes venant du Nouveau Testament pendant que les cellules au fond, pour les novices sont ornées de fresques très modestes avec peu de couleurs. Leur sujet est la crucifixion avec une figure en contemplation. La simplicité des scènes devait faciliter la méditation et la prière.
Bibliothèque dans le musée de San Marco
BIBLIOTHÈQUE
Au milieu du couloir à droite, il y a la bibliothèque. Elle a été projetée par Michelozzo dans les années quarante du 15e siècle et imaginée comme un temple de savoir avec trois nefs, colonnes et voûtes. Avec sa collection des manuscrits et œuvres en grec, elle est devenue très vite un lieu favori des humanistes florentins comme Poliziano, Marsilio Ficino et Pico della Mirandola.
Aujourd’hui, elle ne conserve que quelques livres liturgiques et manuscrits enluminés. En plus, on a voulu montrer des matériels utilisés pour la technique des manuscrits.
La cellule de Savonarola avec ses objets
CELLULE DE SAVONAROLA
Au fond du couloir des novices, on a sauvegardé la mémoire de Girolamo Savonarola. Il venait de Ferrare, mais il s’était établi à Florence. Ses sermons charismatiques ont conquis avec le temps les habitants de la ville. Savonarola critiquait la lassitude des coutumes, parlait de l’Apocalypse et prêchait pour le retour à la vraie foi. Il a réussi à faire de Florence une sorte de théocratie pendant quatre ans, je vous laisse imaginer comment… Un matin, en mai 1498, il est arrêté dans le couvent San Marco et jeté en prison. Torturé, il fut exécuté dans la Piazza de la Signoria.
C’est intéressant d’apprendre que son souvenir est conservé parmi les dominicains de San Marco. Ils ont sauvegardé sa cellule privée avec des objets personnels comme la chaise, le manteau et le cilice et quelques portraits et peintures liées à son histoire.
Couloir du couvent
PETIT RÉFECTOIRE
En descendant au rez-de-chaussée, on passe par le petit réfectoire où il y a la fresque de la Dernière Cène de Domenico Ghirlandaio. Le peintre avait créé une fresque pareille dans le réfectoire de l’église d’Ognissanti à Florence. Il a donné beaucoup d’importance aux détails, la particularité dont il était très connu. Les animaux représentés ont une valeur symbolique. Le chat à côté de Jude signifie la trahison, le paon symbolise la vie éternelle et les canards probablement la tromperie et les calomnies.
Les restes de Florence médiévale
COULOIR DE LA SORTIE LAPIDARIUM
Mais ce n’est pas fini. Dans le couloir de la sortie, on a placé des restes architectoniques de Florence. À la fin du 19e siècle, le centre-ville a été totalement modifié et on a jeté et détruit beaucoup de monuments précieux de l’époque médiévale. On a préservé quelque chose ici en créant le musée de Florence du passé. Mais aujourd’hui, il n’en reste pas grand-chose. C’est vraiment dommage…
Les prédelles de Pala San Marco, Fra Angelico
INFORMATIONS PRATIQUES
Pour le moment, le musée a un web site seulement en italien.
Les infos pratiques comme les billets et les horaires sont visibles ici seulement en italien.
Je vous conseille de les consulter avant la visite. Comme le musée n’est pas tellement fréquenté, les horaires sont réduits.
Si vous désirez visiter San Marco avec moi, contactez-moi.