Le dôme de Brunelleschi à Florence

Le dôme de Brunelleschi à Florence

L’année 2020 (le 7 août pour être précise) a marqué le 600e anniversaire du début de la construction de l’une des merveilles architecturales du monde et un symbole de Florence, le dôme de sa cathédrale Santa Maria del Fiore. À cette occasion, bien sûr, le billet d’entrée est augmenté de prix (ironiquement), et moi, je voudrais vous donner une brève introduction à son histoire et quelques faits intéressants. J’espère que vous l’apprécierez encore plus et que vous mentionnerez le nom de Brunelleschi dans un même souffle, juste après ceux de Michel-Ange et Léonard de Vinci. Et peut-être même avant !

la cathèdrale de Florence, le plan

LA CATHÉDRALE SANTA MARIA DEL FIORE
La construction de la nouvelle cathédrale de Florence, Santa Maria del Fiore, a commencé à la fin du 13e siècle et déjà à cette époque, il est probable que le premier architecte, Arnolfo di Cambio, ait envisagé de couvrir la partie centrale d’une coupole. Le deuxième ingénieur, Francesco Talenti, a agrandi de plus le nouveau temple et a également projeté une calotte encore plus large.

Tout cela faisait impression sur papier, mais alors que la construction de la cathédrale progressait assez rapidement après la grande peste de 1348, un énorme trou régnait au-dessus du croisement de la nef et du transept. En effet, personne ne savait trop comment s’y prendre pour construire une coupole énorme. Les Florentins en avaient bien honte, d’autant plus que les villes rivales de Sienne et de Pise avaient leurs belles cathédrales presque achevées.

le dome de brunelleschi florence

DÔME EN MAÇONNERIE SANS SUPPORT
En général, depuis l’Antiquité, pour construire les arcs et les voûtes, on utilisait des centrages en bois. On plaçait le dernier élément, la clé de voûte et seulement à ce point-là, on levait le soutien. Dans le cas florentin, le tambour, qui devait soutenir l’ensemble de la structure, mesure environ 43 mètres de large et s’élève à 54 mètres de haut. Faire un centrage aussi grand était impensable ! Il fallait envisager d’autres solutions ou penser à construire une calotte qui supporterait son propre poids et neutraliserait les forces de poussée.

LE CONCOURS POUR LE DÔME EN 1418
Lors du concours de 1418 pour le meilleur projet de la coupole, toutes sortes d’idées ont été proposées. L’une des plus bizzarres parlait de verser du sable dans la cathédrale pour soutenir l’ensemble du dôme pendant sa construction. Une fois terminé, les Florentins seraient encouragés à lever le sable manuellement, y étant cachés des coins d’or.

Heureusement, Brunelleschi a participé au concours ! Pourtant, ses idées originelles n’ont pas survécu jusqu’à aujourd’hui, et nous ne savons pas ce qui a convaincu le comité de lui confier la tâche. Il est intéressant de noter qu’il devait collaborer avec son rival Lorenzo Ghiberti. Ainsi, afin de se débarrasser de son collègue indésirable, il simula une longue maladie. Lorsqu’il devint évident que sans Brunelleschi, Ghiberti ne pourrait pas progresser, il fut décidé de confier la supervision totale de la construction à « notre » Filippo rusé.

fresques du dome de brunelleschi, vasari
Les fresques à l’intérieur du dome du 16è siècle.

FILIPPO BRUNELLESCHI (1377-1446)
Brunelleschi s’est formé comme orfèvre et sculpteur, mais il est devenu architecte par vocation. Il a voyagé à Rome à de nombreuses reprises avec son jeune ami Donatello pour étudier l’architecture classique. Le Panthéon et sa coupole (bien que construite de manière très différente et beaucoup plus basse) le fascinaient. À Florence, il a décidé de relever un défi que personne n’avait jamais tenté : construire une immense voûte sans aucun support, le plus grand dôme en maçonnerie du monde.

DEUX DÔMES EN MAÇONNERIE
Lorsque l’on observe la coupole de l’extérieur, on ne sait pas qu’en dessous se trouve une deuxième voûte intérieure. Les deux sont reliés par des nervures de marbre et des anneaux de fer autour, formant ainsi une sorte de squelette qui supporte le poids total de plus de quatre millions de briques. Ce type de « corset » a permis de créer une voûte qui ne s’est pas effondrée sous son propre poids pendant la construction.

Le système spécial de pose des briques en chevrons y a également contribué. Vous pouvez voir tout cela lorsque vous montez au sommet de la cathédrale. Vous pourrez vous promener entre les deux coupoles, en empruntant un escalier également conçu par le brillant architecte. Vous verrez des briques cuites sous sa supervision et posées de cette manière, ainsi que quelques machines conçues par lui.

construction du dome de florence

NOUVELLES MACHINES ET SOLUTIONS
Brunelleschi a conçu de nombreux dispositifs pour le transport des matériaux, tels que des roues spéciales, actionnées par la force animale, des grues, et même des bateaux, pour transporter les matériaux de construction par voie fluviale.
Pour les ouvriers, il a inventé des échafaudages intégrés à la voûte en construction et formés comme une toile d’araignée. Les maçons passaient des journées entières en haut afin de ne pas perdre de temps, et la sécurité du travail était telle qu’en 16 ans, un seul d’entre eux est mort dans un accident.

On raconte que c’est sur les échafaudages du dôme que la recette du plat traditionnel toscan, encore servi aujourd’hui dans les restaurants, le peposo, a été inventée. C’était du porc, rôti sur des briques chaudes et fortement assaisonné de poivre et de vin rouge. Aujourd’hui, une version en bœuf est proposée.

briques du dome de brunelleschi
Briques en chevrons à l’intérieur du dôme.

LE MYSTÈRE DES MESURES
Pourtant, la façon de mesurer avec précision l’inclinaison de chaque mur de calotte reste un mystère pour nous. Habituellement, à l’époque, on utilisait des cordes pour de tels calculs, mais il est difficile de comprendre comment des calculs mathématiques aussi complexes pouvaient être mesurés de cette façon. À Florence, l’architecte contemporain Massimo Ricci a construit un dôme en miniature dans l’un des parcs locaux. Il a utilisé exactement les mêmes méthodes et mesures que Brunelleschi, mais n’a malheureusement pas réussi à calculer l’inclinaison précise.
Je vous renvoie ci-dessous à un documentaire Youtube, sous-titrée en anglais, qui raconte cette histoire.

la boule de verrocchio

LA LANTERNE ET LA BOULE DORÉE AU SOMMET DU DÔME
La lanterne que vous voyez tout en haut de la coupole a également été conçue par Brunelleschi, bien qu’il ne l’ait plus vu réalisée, puisqu’il est mort en 1446, alors que la construction venait de commencer. Tout en haut, se trouve une boule et une croix en dorés coulées par l’atelier d’Andrea Verrocchio. La lanterne en marbre est un élément important, car elle compense les forces de la poussée de l’extérieur vers l’intérieur.

SYMBOLE DE FLORENCE
Le dôme, achevé en 1436, est devenu un symbole de la ville, de sa richesse et de son ingéniosité. Il a fallu attendre la basilique Saint-Pierre de Rome pour voir quelque chose de similaire, mais même ainsi, le dôme florentin surpasse sa beauté. Michel-Ange lui-même avait dit: Je vais à Rome pour faire une coupole sœur, mais pas plus belle.

Il n’y en a pas d’autres comme celle dans le monde, objectivement parlant. Aujourd’hui encore, à l’approche de Florence, on peut apercevoir de loin le dôme rouge. Auparavant, il dominait toute la région et pouvait être vu à plusieurs kilomètres.

Si vous souhaitez en savoir plus, je vous renvoie aux links en bas de page.
Et je vous invite à explorer Florence avec moi et à réserver en ligne des billets à l’avance pour monter au sommet de la cathédrale.

LINKS
Film en anglais sur la construction de la coupole.
Film sous-titré en anglais sur l’expérience de construction du dôme en miniature par Massimo Ricci.